La petite tranche de réalité

"Nous sommes en mesure de traiter environ 7 x 18 = 126 bits d’information par seconde. D’après les estimations, des millions de bits d’information se présentent à nous chaque seconde."

Avez-vous déjà acheté une auto? Une auto que vous pensiez plutôt rare… avant de vous mettre soudain à en voir bien plus sur la route que jamais auparavant? Rassurez-vous, un million de personnes n’a pas décidé d’acheter cette auto le même jour que vous. Mais du fait que cette auto a fait l’objet de toute votre attention dans ses moindres détails pendant une certaine période, vous avez entraîné votre cerveau à la remarquer. Le nombre d’automobiles de ce modèle en circulation n’a pas changé, mais votre perspective et votre centre d’attention, oui.

Des recherches ont démontré de manière irréfutable que la part consciente de notre cerveau n’est pas capable de traiter plus de 126 bits d’information par seconde. L’un des principaux rôles que joue notre inconscient consiste à filtrer les millions de bits d’information dont nous sommes bombardés chaque seconde pour les supprimer, les déformer et les généraliser, ce qui nous permet de nous concentrer sur ce que nous jugeons important. Dans l’exemple de l’automobile susmentionné, nous avons réellement entraîné notre cerveau à repérer le modèle que nous venons d’acheter et à l’enregistrer de manière consciente. Si nous changions de perspective, soudain le monde qui nous entoure nous offrirait les preuves qui viendraient appuyer le cours nouveau de nos pensées. Il ne s’agit pas de magie cosmique, mais de notre activité cérébrale.

D’ailleurs, c’est plutôt intéressant. Que vous reliiez le phénomène à l’exemple de l’auto dont nous avons parlé, ou que vous songiez à un autre exemple, vous savez probablement de quoi je parle. Nos cerveaux sont de fabuleuses machines qui nous présentent les données sur lesquelles nous choisissons de concentrer notre attention. Ce que je veux dire, c’est que comme votre cerveau aime rendre le monde intelligible, il vous livrera généralement les données qui vous conforteront dans vos croyances. Alors… modifiez vos croyances!

Les défauts de la résolution de problèmes

"Il existe une grande différence entre la réflexion axée sur les problèmes et la réflexion axée sur les solutions. "

Ce sur quoi vous concentrez votre attention prend inévitablement de l’ampleur », peut-on lire dans The Secret. L’interprétation erronée qui en découle, c’est que tout ce sur quoi vous choisissez de vous concentrer se manifestera dans le monde qui vous entoure. Pas étonnant que les gens qui ont du mal à avaler ça soient si nombreux. En vérité, vous devenez simplement conscient de tout ce sur quoi vous concentrez votre attention.

Songez au problème le plus difficile auquel vous soyez confronté dans votre vie en ce moment. Si vous passez votre temps à penser à ce problème, votre inconscient filtrera les millions de bits d’information qui vous sont jetés à la figure chaque seconde pour vous présenter plus de preuves confirmant le problème. Votre cerveau aime avoir raison. Ce qui ne vous est pas d’un très grand secours pour résoudre le problème en question, n’est-ce pas? Essayez maintenant de rediriger le cours de vos pensées, en vous concentrant sur la solution, et non sur le problème. Que souhaitez-vous réellement accomplir? Il ne s’agit pas de faire preuve d’un optimiste aveugle ni de suggérer que vous pouvez tout simplement passer outre le problème. Il s’agit plutôt de vous rappeler que ce n’est pas le problème qui doit occuper toutes vos pensées, mais la solution. Concentrez-vous suffisamment sur la solution idéale, et votre cerveau finira par changer de vitesse. Il commencera à vous fournir des preuves (qui existaient déjà, mais que vous n’aviez pas su identifier consciemment) que vous pourrez alors utiliser pour mettre en œuvre la solution (et par définition, résoudre le problème).

Les athlètes professionnels le pratiquent en permanence. Ils se concentrent sur le résultat idéal, puis visualisent toutes les étapes nécessaires à sa concrétisation, aussi nettement que possible. Il suffit de se concentrer sur « ne pas chuter » pour que votre cerveau s’embrouille et ne retienne que l’idée de « chute ». Concentrez-vous plutôt sur l’excellence. Si cela fonctionne pour les athlètes olympiques (ce qui est le cas depuis de nombreuses années), cela vaut certainement la peine de tenter le coup dans votre propre existence.

La Réalité (avec un « R » majuscule)

"La clé pour garder le pouvoir est de rester présent à ce qui se passe réellement, au lieu de céder au sens créé par votre représentation intérieure. "

Votre cerveau ne peut donc traiter que 126 bits par seconde, sur les millions qui se présentent à lui. Si vous êtes en mesure d’accepter ce fait, vous réaliserez alors que votre « réalité » (avec un « r » minuscule) ne représente qu’une petite fraction de la véritable Réalité (avec un « R » majuscule). C’est pourquoi deux individus peuvent être témoins du même événement et avoir deux interprétations complètement différentes de ce qui s’est passé.

Nous absorbons des millions de bits de Réalité (avec un « R » majuscule) par l’intermédiaire de nos cinq sens. Notre réalité (avec un « r » minuscule) est le point culminant de ces 126 bits, associé à notre voix intérieure personnelle. Cette voix est le résultat de nos expériences passées et de nos attentes. Commencez-vous à voir à quel point votre version de la réalité peut être subjective, par rapport à l’événement qui s’est réellement produit? Ceux et celles qui croient que leur réalité est absolue (c’est-à-dire la seule façon de voir le monde) peuvent se sentir souvent frustrés, déçus et désorientés par les conséquences qu’ils vivent. Lorsque le résultat de vos actions diffère fondamentalement de ce à quoi vous vous attendiez (d’ailleurs, c’est également le cas si la différence n’est que minime), vous devez opérer le choix suivant : continuer de vous opposer à la vérité avec entêtement, ou l’accepter comme une rétroaction. Ceux qui résistent renouvelleront le cycle en s’accrochant fermement à leurs croyances partiales et en espérant d’autres résultats. La réussite ira à ceux qui, en toute humilité, tirent un enseignement de leurs expériences, utilisent les résultats qu’ils obtiennent comme un message destiné à leur montrer la différence entre l’interprétation de la Réalité que leur livre leur voix intérieure et la réalité qu’ils aimeraient vivre. Tout ceci pour dire qu’il existe un nombre pratiquement infini de manières d’interpréter un résultat et que l’« échec » n’est qu’une occasion pour nous de procéder à une nouvelle mise au point et de comprendre, de manière à pouvoir absorber plus de bits d’information qui viennent appuyer le résultat idéal que nous visons.